Il paraît que nous avons le
meilleur système de santé du monde !
Pourquoi, après tout, les
Français n’y croiraient-ils pas lorsque élus et technostructure rabâchent en
permanence cette allégation ? L’arrogance française est toujours présente
et prompte à donner des leçons à la Terre entière ! Nous sommes les
meilleurs du monde. Nous avons la meilleure protection de nos concitoyens. Nous
avons la meilleure administration. Pour certains, qui sont figés dans leurs
certitudes, « le monde entier nous envie ! »
Le problème, c’est qu’aucun pays
ne nous a copié…
Cette technostructure
tentaculaire, qui génère des besoins de financement colossaux, payés par nos
impôts et par l’emprunt, donc l’endettement des Français, a paralysé notre pays
depuis des années et l’a empêché de se moderniser.
Chacun d’entre nous, qu’il soit
élu local, chef d’entreprise ou simple citoyen, sait quel parcours du
combattant est nécessaire pour faire aboutir des projets d’investissements, de
création d’entreprise ou même une simple démarche auprès de nos administrations.
Ce sont en permanence des obstacles, des empêchements, alors que cette
technostructure, ses administrations centrales ou déconcentrées, devraient
avoir pour devise : « le devoir de faciliter l’économie et
l’emploi de notre pays, le devoir de faciliter les démarches de toute nature
des Français et de protéger les plus fragiles ».
Une révolution des mentalités,
une remise en cause de nombreuses structures publiques et parapubliques qui
empêchent, qui coûtent et qui nuisent à toute initiative et à la fluidité
nécessaire, sont indispensables !
Remettre en cause toutes ces
agences qui ont proliféré, un certain nombre d’autorités administratives
indépendantes, que les gouvernements successifs ont mis en place pour fuir ou
se dégager des responsabilités qui incombent aux ministres et au Gouvernement,
est également indispensable.
Notre administration de la santé n’échappe
malheureusement pas à cette règle. Comme les autres, elle est pléthorique,
lourde, croule sous des procédures empêchant toute fluidité, toute réactivité. Avant
la tenue d’une probable et nécessaire commission d’enquête, la crise que nous
traversons actuellement aura révélé avec force tous les dysfonctionnements de
la technostructure du ministère de la Santé.
Pour comparer, l’Allemagne
consacre à peu près le même pourcentage de son PIB à la santé que la France. La
grande différence, c’est que l’Allemagne affecte un peu plus de 24% des
personnels hospitaliers à des missions administratives quand la France en
affecte 35%. Dès lors, on comprend aisément qu’il puisse y avoir plus de
soignants en Allemagne qu’en France et davantage de moyens investis pour le
même coût global en part de PIB (sans compter une compétence partagée entre
l’Etat fédéral et les Länders).
Quant aux conseillers de tous
ordre dans les ministères et grands établissements publics, ils n’ont, pour la
grande majorité d’entre eux, aucune expérience professionnelle dans la « vraie
vie » et, qui plus est, sont quasiment tous issus des mêmes écoles ou
formations. Personne ne devrait pouvoir être conseiller d’un ministre ou de
grands décideurs publics sans avoir eu une expérience professionnelle d’au
moins 7 ans dont 5 ans dans le secteur privé.
Les élus passent et
l’administration reste, quelle que soit la sensibilité politique des élus. Nos
concitoyens doivent en prendre la mesure. Les ministres ont évidemment leur
responsabilité, mais ils ont un tel emploi du temps, un tel nombre et une telle
diversité de sujets à traiter que, dans la plupart des dossiers, ce sont leurs
conseillers qui décident en lien avec les haut-fonctionnaires des ministères, ces
conseillers étant souvent des haut-fonctionnaires de ces mêmes ministères,
issus des mêmes grands corps, et placés en disponibilité.
Le plus souvent, les
parlementaires, notamment ceux qui ont une expérience d’élu de terrain,
lorsqu’ils vont défendre un dossier, sont rarement écoutés par les conseillers
qui considèrent détenir la Vérité ou la solution. Etant proches du ministre ou
des grands décideurs, il est évident qu’ils sont plus entendus que n’importe
quel parlementaire ou élu local.
Ajoutons les sacro-saintes
procédures – où souvent mille et une personnes ou services doivent être
consultés -, déjà très lourdes voire insupportables en situation normale, sans
compter la multitude de financements croisés entre Europe, Etat, régions,
départements, intercommunalités et communes, il suffit d’imaginer les
conséquences en situation de crise. D’ailleurs, pas besoin de les imaginer,
nous sommes en train de les vivre !
Ces dysfonctionnements sont de
plus en plus prégnants et de plus en plus insupportables. Tout ceci explique la
montée des mécontentements et le rejet de cette technostructure par nos
concitoyens et même parfois par nos élus locaux qui sont pourtant, dans
certaines de leurs fonctions, des représentants de l’Etat ! Gouvernants et
parlementaires n’arrivent ni à réduire cette administration, ni à la maîtriser,
ni à lui faire respecter des objectifs de résultats.
Notre Etat est malade !
A la sortie de cette crise, le
président de la République, le Gouvernement, les assemblées parlementaires,
l’ensemble des élus de la République, avec leurs associations, devront se
saisir de ce sujet à bras-le-corps, car la colère froide de nos concitoyens ne
s’est pas dissipée avec cette crise, bien au contraire…
Michel VASPART
Sénateur des Côtes-d’Armor